Un « grand » événement a mobilisé toute l’équipe du Parc Zoo du Reynou ce mardi 26 mars : l’arrivée d’une nouvelle girafe ! Il s’agit d’un mâle de presque huit ans, Rafiki, qui nous vient du Parc Animalier d’Auvergne.
Au sein des parcs zoologiques, la girafe bénéficie d’un programme d’élevage ex-situ (EEP) dirigé par l’EAZA, l’association des zoos et aquariums européens. Cela signifie que la gestion de la population captive est coordonnée entre les différents zoos, qui s’échangent régulièrement des individus, selon les recommandations du coordinateur à la tête de l’EEP. Ce coordinateur est un spécialiste de l’espèce qui connait très bien et ses besoins et tous les individus de la population captive. C’est lui qui décide de qui va se reproduire avec qui, et dans quel parc.
Il base sa décision selon trois critères :
- des critères génétiques : il évite de faire se reproduire des animaux qui ont des liens de parentés pour limiter la consanguinité qui pourrait causer des malformations et maladies, et il s’assure de conserver une bonne diversité génétique dans la population en évitant par exemple que certains individus aient trop de descendants ;
- selon des critères d’effectifs, afin de répartir les naissances au fil des années et ne pas avoir trop de petits en même temps qui auraient ensuite du mal à trouver une place ;
- selon des critères d’installations au sein des parcs, qui doivent être appropriées.
C’est dans ce contexte que Rafiki, né le 23 juin 2016 au zoo de Planckendael (Belgique) a d’abord rejoint le Parc Animalier d’Auvergne en 2019, et va à présent continuer son aventure au Parc Zoo du Reynou.
Un groupe composé uniquement de mâles
Rafiki a été chargé en fin de matinée dans un camion spécialement adapté au transport de cette espèce aux dimensions hors norme, puis a fait environ quatre heures de route pour nous rejoindre. Le déchargement s’est très bien déroulé, Rafiki ayant mis seulement quelques minutes à sortir de la remorque directement à l’intérieur de son box, où nous l’avons laissé tranquillement se remettre de ces émotions. Dans les heures qui suivent, il a également pu rencontrer ses nouveaux colocataires : les trois mâles déjà présents au parc, Melman, Jimbo et Qendrim. La mise en contact s’est bien déroulée, les trois anciens se montrant très curieux envers le « petit » nouveau, mais assez conciliants. Réunir ainsi plusieurs mâles adultes est toujours un moment intense, car parfois le courant ne passe pas et les individus entrent directement en conflit, pouvant se battre violemment. Toute l’équipe du parc a donc été ravie de constater que la mise en contact s’est déroulée sans heurt majeur et que Rafiki a été facilement intégré au groupe.
Pourquoi un groupe composé uniquement de mâles ? Dans la nature, les girafes suivent une dynamique sociale dite de « fission-fusion » : les individus vont et viennent, se séparant et se réunissant continuellement. Globalement, on observe que les deux sexes vivent séparément, avec d’un côté des groupes de femelles, et de l’autre des mâles pouvant eux aussi former des groupes… sauf à proximité de femelles fertiles, car à ce moment-là ils deviennent très agressifs entre eux.
Dans les parcs zoologiques, lorsqu’on veut constituer un groupe reproducteur, il ne doit donc contenir qu’un seul mâle, avec plusieurs femelles. Mais que faire des mâles en surplus ? Certains zoos, comme le Parc Zoo du Reynou, acceptent d’accueillir ces mâles qui forment alors des groupes non reproducteurs, appelés «bachelors» (mâles célibataires !). Renoncer à la reproduction est toujours un choix difficile pour un parc, mais essentiel pour la bonne gestion de la population globale. Alors il faut jouer le jeu !
Un animal fascinant mais menacé
Avec ses pattes de près de deux mètres, son cou lui aussi de près de deux mères, la girafe est le plus haut animal terrestre, certains individus pouvant culminer à presque six mètres. Et sa longue langue qui mesure environ cinquante centimètres lui fait gagner encore un peu d’amplitude pour atteindre les feuilles des plus grands arbres. Cette langue est très épaisse et recouverte d’une salive visqueuse et antiseptique, qui la protège des blessures que peuvent causer les épines des acacias, les arbres préférés des girafes. Autre particularité de cette langue, elle est bleutée-noirâtre : cela la protège des coups de soleil, puisque la girafe passe près de douze heures par jour à se nourrir ! A contrario elle dort peu, cinq minutes par-ci, dix minutes par-là, et presque toujours en position debout. Couchée elle serait trop lente à se relever en cas d’attaque par un prédateur, alors que debout ses parties vitales sont difficiles à atteindre et ses pattes puissantes sont redoutables. Le seul moment où elle est vulnérable, c’est quand elle boit, étant alors obligée d’écarter ses pattes avant en grand écart pour baisser la tête en direction du sol, puisqu’elle ne peut pas plier son cou. Mais seuls des lions particulièrement affamés osent s’en prendre aux girafes…
Ce qui menace le plus les girafes dans leur milieu naturel, c’est finalement l’homme. La girafe est en effet une espèce aujourd’hui menacée d’extinction, classée comme « Vulnérable » sur la liste rouge de l’UICN (l’Union Internationale pour le Conservation de la Nature). Elle subit principalement la perte de son habitat, au profit de surfaces agricoles ou encore de l’industrie minière, mais également une forte pression de braconnage pour sa viande.
LES GIRAFES DE ROTHSCHILD
LES GIRAFES RÉTICULÉES
LES GIRAFES DU KORDOFAN
Espèces et sous-espèces de girafes
Au Parc Zoo du Reynou nous vous présentons 3 sous-espèces différentes de girafes : Melman est une girafe réticulée, reconnaissable à ses larges tâches polygonales orange séparées par des lignes blanches fines ; Jimbo est une girafe de Rothschild, aux tâches d’un marron plus foncé ; et enfin Qendrim et Rafiki sont deux girafes du Kordofan, plus claires.
La classification des girafes est actuellement en débat. Si aujourd’hui les organismes scientifiques et l’UICN considèrent encore une seule espèce divisée en huit sous-espèces, il est possible qu’il en existe finalement trois ou quatre espèces à part entière. Cela aura des conséquences sur leur conservation, puisque certaines populations sont plus menacées que d’autres, et mériteraient des actions de conservation ciblées.